Photo d'un paysage montrant des vaches et des champs de diverses cultures

Reconnaître les avantages historiques de la polyculture-élevage

Les systèmes traditionnels de polyculture-élevage ont permis une autonomie partielle en recyclant les déchets animaux (fumier) et en valorisant des terres peu propices aux cultures. Cela a réduit la dépendance aux engrais chimiques dans certains contextes.

Cependant, aujourd’hui, l’élevage industriel dominant (80 % des animaux exploités) est déconnecté de ces cycles vertueux : les élevages concentrationnaires produisent des quantités massives de lisier polluant, et les cultures (soja, maïs) destinées à les nourrir sont dépendantes des pesticides et engrais synthétiques.

Expliquer les alternatives sans exploitation animale

La transition vers une agriculture 100 % végétale ne signifie pas nécessairement remplacer le fumier par des produits chimiques. Des solutions existent :

  • Engrais organiques : Compost issu de déchets végétaux, engrais verts (plantes fixatrices d’azote comme le trèfle), ou mycoremédiation (champignons décontaminants).
  • Agroécologie et permaculture : Ces modèles optimisent la biodiversité pour régénérer les sols sans intrants animaux (ex : associations de cultures, rotations, couverts végétaux).
  • Réutilisation des nutriments : Recycler les déchets humains via des systèmes hygiénisés (toilettes sèches, méthanisation), comme le fait déjà la Suède.

Quant aux prairies non cultivables, elles pourraient être restaurées en écosystèmes sauvages (forêts, zones humides), captant bien plus de CO₂ que les pâturages, ou utilisées pour des cultures pérennes (noix, fruits, agroforesterie).

Souligner les limites de l’élevage “durable”

Même dans les systèmes pastoraux, l’élevage pose des problèmes :

  • Éthique : Exploiter et tuer des animaux sensibles reste incompatible avec le véganisme, qui défend leur droit à ne pas être considérés comme des ressources.
  • Efficacité : Nourrir des animaux avec des cultures (même sur des prairies) est thermodynamiquement inefficace : 70 % des terres agricoles servent à produire de la viande, qui ne fournit que 18 % des calories mondiales (source : FAO).
  • Gestion des sols : Le surpâturage épuise souvent les sols et accentue la désertification (ex. : Sahel), alors que des méthodes végétales régénèrent les terres.

Proposer une transition réaliste

L’objectif n’est pas d’éliminer brutalement tous les élevages, mais de :

  • Réduire la demande en viande pour limiter l’élevage industriel, responsable de la majorité des souffrances animales et de la pollution.
  • Repenser les modèles agricoles : Dans les régions où l’élevage pastoral est historiquement ancré, une transition progressive vers des systèmes mixtes (moins d’animaux, plus de cultures adaptées) pourrait combiner autonomie et respect du vivant.
  • Valoriser les innovations : Des fermes expérimentales1 montrent qu’une agriculture végétale intensive en biodiversité peut être productive sans animaux ni chimie.

Bref

Le véganisme ne nie pas les défis techniques de l’agriculture sans animaux, mais il invite à repenser un système alimentaire aujourd’hui dysfonctionnel. L’enjeu est de conjuguer écologie, justice sociale et respect des animaux, en s’appuyant sur la science et l’innovation.

Merci de m’avoir lu ! Bonne journée 🌱

1 : Il m’a été rappelé à juste titre que le Bec Hellouin intègre les animaux dans leur activité. S’ils peuvent se permettre d’intégrer des petits élevages (ce que je ne cautionne pas, évidemment), c’est justement parce qu’ils parviennent à gagner beaucoup d’espace en suivant leur méthode de culture. Vous pouvez retrouver un aperçu de leur méthode dans ce document. J’ai vu 2 rapports un peu datés, je dois dire. Je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, ces rapports mentionnent plusieurs choses relatives au fumier. dont l’usage massif pour des démarrages de nouvelles surfaces de cultures (dont des buttes) et pour les couches chaudes (comme les maraichers parisiens d’antan). Mais la plus importante, je pense, est le fait d’utiliser du fumier qui n’est pas valorisé, disponible et accessible (paddocks voisins). Ce qu’il manque, ce serait de noter la dépendance à cet intrant spécifique. Quid des alternatives ?

Aujourd’hui, le fumier est le principal intrant (toute exploitation confondue) parce que c’est le plus produit, et non parce que c’est le meilleur et/ou le plus indispensable. Les couches chaudes peuvent être créées à partir d’autres matières que le fumier. Les déchets verts enrichissent également les sols tout aussi bien que le fumier, je rappelle. Enfin, on n’oublie que trop qu’en dehors de l’élevage, la perte de matière dans les sols se retrouvent dans nos selles que nous ne réintégrons pas dans le cycle. Encore une fois, l’humain est responsable du déséquilibre des écosystèmes, quelqu’ils soient.