Photo d'un champ de blé vert

Voici une analyse de la capacité de production de calories à l’hectare selon les types d’agriculture, en comparant les systèmes végétaux, mixtes et animaux.

Production calorique des cultures végétales (kcal/ha/an)

Les plantes produisent directement des calories pour l’humain, sans passer par l’intermédiaire énergétiquement coûteux de l’élevage. Voici les rendements moyens :

  • Pommes de terre : 15 à 25 millions de kcal/ha (FAO, 2020).
    Exemple : En Irlande, les pommes de terre dominent historiquement grâce à leur rendement exceptionnel.

  • Riz : 7 à 10 millions de kcal/ha (IRRI, 2021).
    Variations : Le riz irrigué en Asie atteint des rendements élevés, mais nécessite beaucoup d’eau.

  • Blé : 6 à 8 millions de kcal/ha (Our World in Data, 2023).
    Contexte : En France, le blé moderne (avec engrais) produit environ 7,5 tonnes/ha, soit ~26 millions de kcal (1 kg de blé = 3 400 kcal).

  • Maïs : 12 à 15 millions de kcal/ha (FAO, 2022).
    Remarque : Le maïs est souvent utilisé pour l’alimentation animale (40 % de la production mondiale), réduisant son efficacité calorique pour les humains.

  • Légumineuses (lentilles, pois) : 2 à 4 millions de kcal/ha (Science, 2018).
    Avantage : Elles fixent l’azote dans le sol, réduisant le besoin d’engrais.

Production calorique des systèmes mixtes (polyculture-élevage)

Quand les cultures végétales nourrissent les animaux, les pertes énergétiques sont massives. Exemple avec le bœuf :

  • Conversion alimentaire : Il faut 25 kcal végétales pour produire 1 kcal de viande bovine (Poore & Nemecek, Science, 2018).
  • Rendement calorique final : ~0,5 à 1 million de kcal/ha (via pâturages + cultures fourragères).

Cas du lait :

  • Une vache laitière produit 5 000 à 10 000 L de lait/an, soit 3 à 5 millions de kcal/ha (en incluant les surfaces pour son alimentation).

Production calorique des systèmes 100 % animaux (pâturages)

Les prairies permanentes, non cultivables, sont souvent utilisées pour l’élevage. Leur rendement calorique est très faible :

  • Viande bovine en pâturage extensif : 50 000 à 200 000 kcal/ha/an (FAO, 2021).
    Exemple : En Amazonie, 1 hectare de pâturage produit ~66 kg de bœuf/an (soit ~165 000 kcal).
  • Comparaison : Le même hectare en pommes de terre produirait 100 fois plus de calories.

Pourquoi cette inefficacité animale ?

  • Loi des 10 % : Seulement 10 % de l’énergie passe d’un niveau trophique à l’autre. Les animaux gaspillent de l’énergie en respiration, mouvement, etc.
  • Alimentation animale : 36 % des calories céréalières mondiales nourrissent le bétail (World Resources Institute, 2019).

Comparatif mondial (source : Our World in Data, 2023)

Produit Calories/ha/an Équivalent en personnes nourries/ha* (2 500 kcal/jour)
Pommes de terre 25 000 000 27 personnes
Riz 10 000 000 11 personnes
Blé 8 000 000 9 personnes
Lait de vache 3 500 000 4 personnes
Œufs 1 800 000 2 personnes
Viande de poulet 1 200 000 1,3 personne
Viande de bœuf 500 000 0,5 personne

Calcul basé sur une année de 365 jours.

Cas des terres “non cultivables”

L’argument selon lequel les pâturages valorisent des terres inadaptées aux cultures est partiellement vrai, mais à nuancer :

  • Surface concernée : Seulement 13 % des terres agricoles sont des prairies non convertibles (FAO, 2023).
  • Alternative : Ces terres pourraient être reboisées (captation de CO₂) ou utilisées pour des cultures pérennes (noix, baies, agroforesterie).

Impact environnemental par calorie produite

  • Viande de bœuf : Émet 50 kg CO₂eq/kg et consomme 15 000 L d’eau/kg (Science, 2018).
  • Pommes de terre : Émettent 0,2 kg CO₂eq/kg et consomment 250 L d’eau/kg (Water Footprint Network, 2020).

Solutions pour optimiser la production calorique

  • Transition vers les plantes : Remplacer 50 % de la viande par des légumineuses libérerait 20 % des terres agricoles mondiales (Nature, 2021).
  • Agroécologie : Les fermes diversifiées (ex : maraîchage bio intensif) atteignent des rendements comparables à l’agriculture conventionnelle, sans pesticides (INRAE, 2020).

Bref

Les systèmes végétaux produisent 10 à 100 fois plus de calories par hectare que les systèmes animaux. Même en intégrant les contraintes des terres non cultivables, une transition vers une alimentation majoritairement végétale permettrait de :

  • Nourrir plus de personnes avec moins de terres.
  • Réduire la déforestation, les émissions de CO₂ et la pression sur les ressources en eau.
  • Libérer des surfaces pour la restauration des écosystèmes.

L’enjeu n’est pas d’éliminer tous les animaux, mais de revoir la place de l’élevage dans un système alimentaire soutenable. 🌍🥔

Sources :

  1. Poore & Nemecek (2018), Science : Reducing food’s environmental impacts.
  2. FAO (2023) : Livestock and Land Use Statistics.
  3. Our World in Data (2023) : Calories per hectare.
  4. Water Footprint Network (2020) : Water footprints of crops and livestock.
  5. World Resources Institute (2019) : Creating a Sustainable Food Future.