Photo aérienne de champs

Voici une analyse détaillée et sourcée de la surface nécessaire selon les types d’agriculture, en comparant les systèmes basés sur les produits animaux (élevage) et les systèmes végétaux (végétaliens, céréaliers, etc.), ainsi que les modèles mixtes (polyculture-élevage).

Surface utilisée par l’élevage vs. cultures végétales

Données clés

  • 83 % des terres agricoles mondiales sont consacrées à l’élevage (pâturages + cultures pour l’alimentation animale), mais celui-ci ne fournit que 18 % des calories et 37 % des protéines consommées par l’humanité (Poore & Nemecek, Science, 2018).
  • Répartition :
    • Pâturages : 67 % des terres agricoles.
    • Cultures fourragères (soja, maïs, etc.) : 16 % des terres agricoles.
    • Cultures directes pour l’humain : 17 % des terres agricoles (source : Our World in Data).

Efficacité calorique/protéique

  • Bœuf : Nécessite 20 à 100 fois plus de terres et émet 20 fois plus de CO₂ par gramme de protéine que les légumineuses (lentilles, pois) (Poore & Nemecek, 2018).
  • Volaille/œufs : 6 à 8 fois plus de terres que le tofu.
  • Lait : 3 fois plus de terres que les laits végétaux (avoine, soja).

Comparaison des systèmes agricoles

Élevage intensif (conventionnel)

  • Surface : Trême élevée (ex. : 1 kg de bœuf = 160 à 300 m²/an, contre 1 kg de blé = 1 à 3 m²).
  • Impact : Déforestation (Amazonie pour le soja fourrager), appauvrissement des sols, dépendance aux engrais chimiques.

Polyculture-élevage (système mixte)

  • Principe : Combinaison de cultures et d’élevage, avec recyclage des déchets animaux (fumier) pour fertiliser les sols.
  • Avantages :
    • Réduit les intrants chimiques grâce au fumier.
    • Valorise des terres marginales (prairies non cultivables).
  • Limites :
    • Moins efficace en termes de rendement calorique/protéique que les systèmes 100 % végétaux.
    • Requiert encore des surfaces importantes pour l’alimentation animale (ex. : fourrage).

Agriculture végétale intensive

  • Surface : Moins de terres nécessaires, mais dépendante des engrais azotés (synthétiques ou organiques).
  • Rendement : Les légumineuses (lentilles, pois) fixent l’azote dans le sol, réduisant le besoin d’engrais.

Agroécologie/permaculture

  • Surface : Optimisée via des associations de plantes, rotations, et couverts végétaux.
  • Exemple : La Ferme du Bec Hellouin (France) produit 800 kg de légumes par an sur 1 000 m² sans engrais chimiques ni élevage (étude INRAE, 2018).

Cas des “prairies non cultivables”

Certaines terres (zones arides, montagnes) ne sont pas adaptées aux cultures végétales, mais peuvent être pâturées par des ruminants (vaches, moutons).

  • Échelle mondiale :
    • Seulement 13 % des terres agricoles sont des prairies permanentes non convertibles en cultures (FAO, 2023).
    • La majorité des pâturages actuels pourraient être reboisés ou convertis en cultures vivrières si la demande de viande diminuait.
  • Alternatives :
    • Ces prairies pourraient être utilisées pour :
      • Agroforesterie (noix, fruits, plantes médicinales).
      • Restauration écologique (captation de CO₂, habitats pour la biodiversité).
    • Le fumier n’est pas indispensable : des engrais verts (trèfle, luzerne) ou du compost végétal peuvent remplacer les nutriments.

Engrais et autonomie : le cas du fumier\

Rôle du fumier

  • Avantage : Riches en azote, phosphore et potassium, il réduit l’usage d’engrais chimiques.
  • Problème :
    • Dans les systèmes industriels, le lisier (déjections liquides) est souvent en excès, polluant les sols et les eaux (eutrophisation).
    • L’azote du fumier provient initialement… des plantes mangées par les animaux. En contournant l’élevage, on pourrait recycler l’azote directement via des cultures de légumineuses.

Solutions sans élevage

  • Engrais verts : Plantes fixatrices d’azote (ex. : trèfle, féverole).
  • Compostage de déchets végétaux : 30 % des déchets alimentaires pourraient être compostés (FAO, 2019).
  • Recyclage des nutriments humains : Toilettes sèches et méthanisation (ex. : projet à Stockholm).

Synthèse : quel système utilise le moins de terres ?

  • Régime végane : Réduit la surface agricole mondiale de 76 % si adopté universellement (étude de Poore & Nemecek, 2018).
  • Régime flexitarien (réduit la viande) : Diminution de 40 à 60 % des terres utilisées.
  • Élevage “durable” : Même en système pastoral, la production de viande reste 2 à 20 fois moins efficace en terres que les protéines végétales.

Sources principales

  1. Poore & Nemecek (2018), Science : Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers.
  2. Our World in Data : Land Use in Agriculture.
  3. FAO (2023) : Livestock and Land Use.
  4. INRAE (2018) : Étude sur la Ferme du Bec Hellouin.
  5. IPCC (2019) : Special Report on Climate Change and Land.

Bref

Si la polyculture-élevage traditionnelle peut être localement pertinente, l’agriculture végétale bien conçue (agroécologie, circuits courts) est globalement plus efficiente en termes de surface. La clé réside dans la réduction drastique de l’élevage industriel et l’adoption de régimes moins carnés, combinés à des pratiques régénératives. 🌍🌱